“Tu nous mank”, “Il est mort !!”, Inoxtag et l’Everest : quand la Gen Z rencontre la désinformation, le mème et la récupération

Quoicoubébou des montagnes

“Tu nous mank”, “Il est mort !!”, Inoxtag et l’Everest : quand la Gen Z rencontre la désinformation, le mème et la récupération

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Par Pierre Bazin

Publié le

L’ambitieux projet du vidéaste a des retombées gigantesques sur les réseaux sociaux et illustre parfaitement comment les phénomènes Internet naissent aujourd’hui.

“Les gars vous pensez que s’il arrive un truc à Inox, on le saura ??” “Suivez le compte de Mathis pour les infos sûres !” “J’ai trop peur qu’il revienne pas, on n’a pas de nouvelles…” Les commentaires sont nombreux sur les réseaux sociaux pour parler du projet fou du youtubeur et superstar des jeunes Inoxtag, qui a entamé il y a quelques semaines l’ascension de l’Everest.

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C’est un projet ambitieux pour le jeune vidéaste de 22 ans qui l’avait annoncé il y a un an sur sa chaîne YouTube. Si la prudence, la sécurité et surtout la préparation ont été les maîtres-mots de l’année qui s’est écoulée pour Inoxtag, le youtubeur n’entame pas une expédition sans risque : en moyenne et chaque année, six personnes décèdent sur le chemin vers le plus haut sommet du monde.

“Je n’abandonnerai pas”

L’expédition d’Inoxtag est partie le 7 avril dernier du premier camp de base. La veille, une vidéo d’au revoir est publiée sur sa chaîne YouTube. Il explique ainsi qu’il va couper tous ses réseaux sociaux afin de profiter au mieux de toute cette expérience. Toujours dans cet “esprit shōnen” qu’il aime cultiver avec sa communauté, il affirme “ne jamais lâcher” avant d’avoir atteint la cime établie à 8 849 m d’altitude.

Depuis, les nouvelles se font évidemment rares comme l’avait annoncé Inoxtag. Il faut dire que l’Everest n’est pas connu pour disposer d’une connexion réseau optimale. À noter qu’une expédition pour l’Everest dure en moyenne 2 mois, durant lesquels il faut compter une trentaine de jours d’acclimatation sur de nombreux paliers afin que le corps puisse s’adapter aux faibles niveaux d’oxygène.

Officiellement, les dernières nouvelles datent du 15 avril 2024 quand Mathis Dumas, guide de haute montagne qui accompagne Inoxtag, a publié une photo sur le canal Instagram du youtubeur.

Mais depuis, le peu d’informations disponibles a fait naître un élément moins reluisant d’Internet : les fake news.

La foire aux fake news mais aussi aux debunks

C’est particulièrement sur TikTok que le phénomène Inox se perçoit. On ne compte plus les tentatives (souvent infructueuses) de fausses informations publiées. Cela va de “Inox a fait une crise d’angoisse” jusqu’à l’extrême où l’on apprend que le youtubeur serait mort dans une avalanche, avec une photo montage du Twitter de BFM qui annoncerait l’information.

Les internautes débunkent en commentaire l’info même s’ils pensent, à tort, que c’est BFMTV qui aurait publié la fake news.

Ces contenus frauduleux font parfois beaucoup de vues comme ce TikTok aux apparences crédibles annonçant des difficultés dans l’ascension qui a fait plus de 500 000 vues. Malgré leur interdiction par les “consignes communautaires” de TikTok, ces fake news restent sur la plateforme même après des signalements.

On peut aussi parler des “suggestions de recherche”, des liens cliquables en commentaires ou en bas de vidéo et qui correspondent à des recherches menées par un certain nombre d’utilisateurs et mises en avant par l’algorithme de TikTok :

Pourtant, les internautes, même jeunes, ne sont pas si naïfs qu’on voudrait le penser car dans les commentaires, la “résistance” s’organise aussi. Ainsi, certains rappellent que c’est normal qu’il n’y ait pas d’information de la part de l’expédition d’Inox au vu de leur isolement des réseaux sociaux. D’autres enjoignent ainsi les fans à ne pas se fier à tout ce qu’on lit sur Internet. “Suivez que les informations de Mathis, c’est la seule source sûre !” explique ainsi un utilisateur sur TikTok.

Dans les commentaires, les fans d’Inox expriment tout de même une véritable inquiétude pour leur youtubeur favori, des craintes qui se sont ainsi transformées, par la magie des internets, en trend et autres mèmes.

Du mème à la récup

J’arrête de respirer pour envoyer de l’oxygène à Inox“. Nouvelle étape ? La “mèmification”. Certains s’amusent, avec plus ou moins de bienveillance, de l’inquiétude des fans d’Inoxtag.

Ainsi, débute une trend où les tiktokeurs disent apporter leur soutien à Inoxtag en haut de l’Everest et ce via des actions toujours plus absurdes : ne pas respirer pour lui économiser de l’air, ventiler le ciel pour qu’ils aient du beau temps, ne pas manger pour que lui puisse manger, aspirer la pollution à l’aspirateur, etc.

On retrouve notamment une musique, appelée officiellement “Quoicoubébou des montagnes” qui est devenue l’étendard de cette trend.

@baptiste.la.rigolade667

pour inoxtag !!! et l’everest !!!

♬ Inoxtag revient par pitié - On rigole genre

Derrière ce titre généré par intelligence artificielle, on retrouve Baptiste, jeune étudiant de 20 ans, répondant au pseudo “Mukzz” et qui possède d’ailleurs une chaîne YouTube qui parle de sport. Il explique avoir créé cette musique un soir avec un ami sur Discord et l’avoir publiée sur son compte secondaire TikTok consacré au “shitpost”. Il nous explique ainsi :

“C’est vraiment parti d’une connerie, on trouvait ça marrant de reprendre la trend comme si un fan d’Inox chantait une chanson pour le soutenir. […] On a fait les paroles en cinq minutes et moi, j’ai fait le visuel avec les fautes d’orthographe comme si c’était écrit par quelqu’un de très jeune.”

En quelques jours, la vidéo atteint le million de vues et tout le monde s’empresse de la reprendre pour faire son petit mème, faisant cumuler la trend à plusieurs dizaines millions de vues. D’abord des personnes peu connues, puis des influenceurs comme Natoo.

Viennent ensuite les marques ou encore les clubs de foot qui reprennent la trend et ce même jusqu’au compte officiel de la Gendarmerie nationale qui n’oublie de rappeler en description la tenue de son événement de recrutement à venir :

En tout cas, à son retour Inoxtag aura beaucoup de choses à rattraper.