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Le marché de l’art contemporain dopé par les NFT

Le marché de l’art contemporain dopé par les NFT

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© Cindy Ord/Getty Images North America/Getty Images via AFP

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Le crypto-art laisse la place à de nouveaux profils d'artistes et d'acheteurs.

Les NFT révolutionnent le marché de l’art mondial, dopé par l’art contemporain, sa “locomotive”, selon le rapport annuel de la société Artprice publié lundi 4 octobre.

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Grâce à ces NFT, qui garantissent l’authenticité et le caractère unique des œuvres numériques et à la migration en ligne massive des ventes aux enchères d’art contemporain depuis la crise sanitaire, ces ventes publiques réalisent un record de 2,7 milliards de dollars sur l’exercice 2020-2021 (+117 %).

Avec 102 000 œuvres contemporaines (artistes né·e·s après 1945, peinture, sculpture, installations, dessins, photographies, estampes, vidéos, et désormais NFT) vendues entre le 30 juin 2020 et le 30 juin 2021, l’art contemporain pèse désormais 23 % du marché de l’art contre 3 % en 2000-2001, précise Artprice, leader mondial de l’information sur le marché de l’art.

Avec 40 % des ventes mondiales, la Chine (continentale, Taïwan, Hong Kong) devient la première plaque tournante d’art contemporain, devant les États-Unis (32 %) et le Royaume-Uni (16 %). Hong Kong arrive juste après New York en tête des villes phares du marché de l’art contemporain et détrône Londres. Paris se classe à la cinquième place.

Les femmes, qui ne représentaient que 5 % des artistes dans tous les classements, toutes disciplines confondues, passent à 37 % , elles sont à peu près autant que les hommes en photographie, précise à l’AFP Thierry Ehrmann, président d’Artprice.

Un “phénomène sociologique rare”

Avec les œuvres numériques en NFT, qui représentent deux tiers de la valeur des ventes en ligne, soit 2 % du marché de l’art global en 2021, selon le rapport, “des artistes nouveaux émergent, comme Beeple, parti de rien (pas de galerie, pas d’exposition, pas de ventes aux enchères), qui refusent de rentrer dans le circuit d’art classique”, analyse M. Ehrmann.

Au-delà d’un concept innovant sur Internet, parfois décrié comme une “bulle spéculative”, “les NFT permettent vraiment à de jeunes artistes de gagner leur vie et notamment à ceux du street art, par nature éphémère”, qui “s’impose comme une tendance mondiale très forte”, ajoute-t-il, admettant avoir révisé son point de vue sur ce “phénomène sociologique rare”.

De seulement 150 environ, connu·e·s dans les ventes aux enchères mondiales en 2000, les street artistes sont passés à 18 000 cette année, souligne l’expert. Le plus connu, Banksy (qui atteint 123 millions de dollars de volume d’affaires au premier semestre 2021) entre dans le top cinq des signatures les plus performantes du monde en salles de ventes, derrière Picasso, Basquiat, Warhol et Monet, selon le rapport. Sur le segment de l’art contemporain, il se classe deuxième derrière Basquiat (7 % des ventes mondiales).

Inconnu aux enchères publiques en 2020, l’Américain Mike Winkleman (alias Beeple) figure aujourd’hui parmi les artistes les plus chers de leur vivant, après David Hockney et Jeff Koons, depuis son premier NFT (Everydays : The First 5 000 days), vendu 69,3 millions de dollars aux enchères pour un prix de départ de 100 dollars.

Auparavant, Beeple échappait à tous les radars mais comptait plusieurs millions de followers sur Instagram au point d’attirer le soutien de la maison de ventes Christie’s. Il représente à lui tout seul 3 % du marché de l’art contemporain, selon le rapport.

De nouveaux·elles collectionneur·se·s

Les NFT attirent de nouveaux·elles collectionneur·se·s, “d’une moyenne d’âge de 32 ans, la génération 2.0, qui achètent de l’art à des prix moindres mais comme mode de vie, l’art demeurant, face à tout ce qui est reproductible, le dernier geste singulier”, selon M. Ehrmann. En 2020-2021, ces acheteur·se·s cumulent neuf ventes millionnaires d’art contemporain, soit trois fois plus que la photographie qui a pourtant regagné ses lettres de noblesse, selon le rapport.

Un autre phénomène marquant : l’arrivée massive d’artistes africain·e·s-américain·e·s, africain·e·s-britanniques et du continent africain sur le marché, dont certain·e·s ont fait exploser les enchères comme Amoako Boafo, artiste ghanéen-américain, qui a vendu 1,14 million de dollars sa toile Baba Diop à Hong Kong en décembre 2020, dix fois son estimation basse.

Avec AFP.