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5 choses surprenantes à savoir sur Rosa Bonheur, peintre avant-gardiste du XIXe siècle

5 choses surprenantes à savoir sur Rosa Bonheur, peintre avant-gardiste du XIXe siècle

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© Georges Achille-Fould/Mairie de Bordeaux/Photo : Lysiane Gauthier

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Par Lise Lanot

Publié le , modifié le

Retour sur l’œuvre et la vie de Rosa Bonheur, une artiste libre spécialisée dans la peinture animalière.

Elle a un nom incroyable et une vie plus incroyable encore. Rosa Bonheur a défié les conventions, mené son existence de façon libre et indépendante tout en réalisant un travail artistique riche. À l’occasion de son 200e anniversaire et des nombreuses expositions organisées en son honneur cette année (dont celle que lui consacre le Musée d’Orsay), nous avons décidé de nous pencher sur cinq faits méconnus concernant cette artiste du XIXe siècle, spécialisée dans la peinture animalière, résolument moderne.

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Elle vivait avec des animaux sauvages

Selon Lou Brault, directrice adjointe de la maison-musée de Rosa Bonheur, lorsqu’elle était enfant, la petite fille était passionnée d’animaux. Ayant des difficultés pour apprendre à lire, sa mère lui apprit les lettres de l’alphabet grâce à des dessins d’animaux.

Rosa Bonheur, Chat sauvage, 1850. (© Photo : Erik Cornelius/Nationalmuseum Stockholm, domaine public)

Empreinte d’illustrations animalières, l’imagination de l’artiste s’est épanouie dans la représentation de la faune qui l’entourait depuis son enfance. Persuadée que les animaux ont une âme, elle s’attache à “transmettre l’individualité de chaque animal”, tel que le notait Leïla Jarbouai, conservatrice en chef au Musée d’Orsay, au micro de France Culture : “On remarque qu’il y a vraiment une interaction entre la peintre et les animaux à travers le regard, c’est ce tissage de lien qui fait sa spécificité.”

Le National Museum of Women in Arts rapporte également les propos d’une “proche de l’artiste”, qui décrivait les compagnons qui entouraient Rosa Bonheur au quotidien : “À un moment donné, [l’artiste] avait une ménagerie complète dans sa maison : un lion et une lionne, un cerf, un mouton sauvage, une gazelle, des chevaux, etc. L’un de ses animaux de compagnie était un lionceau qu’elle laissait courir en liberté et avec qui elle jouait souvent. Mon esprit fut bien plus tranquille quand cet animal léonin a rendu l’âme.”

Rosa Bonheur, El Cid, tête de lion, 1879. (© Museo Nacional del Prado, Madrid)

Elle a été la première femme à devenir propriétaire “grâce au seul fruit de son travail”

En 1859, Rosa Bonheur acquiert le château de By (devenu château de Rosa Bonheur) à Thomery, en Seine-et-Marne. Elle devient ainsi “la première femme à acheter, à son nom, un bien immobilier grâce au seul fruit de son travail” (à la suite de la vente de son tableau Le Marché aux chevaux). Elle y a passé les quarante dernières années de sa vie, jusqu’à sa mort, le 25 mai 1899.

Le somptueux château est devenu un musée à la mémoire de l’artiste peintre. Le musée rappelle qu’elle a pu vivre de son art dès ses 14 ans, qu’elle “est la première femme artiste à recevoir la Légion d’honneur de la main de l’impératrice Eugénie” et qu’elle “s’est battue tout au long de sa vie pour ‘élever la femme’ et montrer que ‘le génie n’avait pas de [genre]’.

Rosa Bonheur, Le Marché aux chevaux, 1852-1855. (© Metropolitan Museum of Art)

Pour porter des pantalons, elle faisait des demandes “de travestissement”

Le 17 novembre 1800, une loi interdit aux femmes de porter un pantalon et indique que “toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en obtenir l’autorisation”.

Ainsi, tous les six mois, Rosa Bonheur devait se rendre à la préfecture afin de demander “une permission de travestissement” et porter un pantalon en toute légalité. Une preuve de son indépendance et de sa modernité – bien qu’elle portait des robes lors des cérémonies officielles ou séances photo.

Dubufe Edouard-Louis, Portrait de Rosa Bonheur, 1857. La tête du bovin est peinte par Rosa Bonheur. (© RMN – Grand Palais Château de Versailles/ Photo : Gérard Blot)

Elle est devenue une grande figure queer

Plusieurs noms de femmes gravitent autour de celui de Rosa Bonheur. On parle de son “amie d’enfance” Nathalie Micas et de sa “biographe” Anna Klumpke. Des femmes avec qui Rosa Bonheur a vécu de longues années, aux côtés de qui elle est enterrée et à qui elle a souhaité léguer son héritage. Vous l’avez compris, Rosa Bonheur était lesbienne.

Dans une société qui ne permet même pas aux femmes de porter des pantalons, difficile pour la peintre de revendiquer sa sexualité. Elle parvient tout de même à vivre avec ses compagnes, d’abord avec Nathalie Micas, jusqu’à la mort de cette dernière, puis, quelques années plus tard, avec la peintre états-unienne Anna Klumpke – qui écrivit effectivement une (Auto)biographie de sa compagne.

Rosa Bonheur, Colonel William F. Cody, 1889. (© Buffalo Bill Center of the<br>West, Cody, Wyoming, États-Unis)

Elle a légué toute sa fortune à sa compagne

De son vivant, Rosa Bonheur parvient à faire fructifier son travail et à devenir indépendante financièrement. Des reproductions en estampes de ses œuvres sont largement diffusées ; elle est connue du grand public grâce à des interviews, séances photo et tournées promotionnelles.

Étant donné que sa première compagne Nathalie Micas meurt avant elle, Rosa Bonheur lègue ce qu’elle possède à Anna Klumpke, sa seconde partenaire. “Je donne et lègue à Mademoiselle Anna-Élizabeth Klumpke, ma compagne et collègue peintre et mon amie, tout ce que je posséderai au jour de mon décès, l’instituant ma légataire universelle”, écrit-elle dans son testament.

Rosa Bonheur, La Foulaison du blé en Camargue, 1864-1899. (© Musée des<br>Beaux-Arts de Bordeaux/Photo : F. Deval)

L‘exposition du Musée d’Orsay consacrée à Rosa Bonheur est visible jusqu’au 15 janvier 2023. L’exposition “Capturer l’âme. Rosa Bonheur et l’art animalier” est quant à elle visible dans le cadre du Festival d’histoire de l’art, au Château de Fontainebleau, jusqu’au 23 janvier 2023. L’exposition photo d’Irène Jonas “Rosa Bonheur… Réminiscences” occupe la galerie L’Arrêt sur l’image (Bordeaux) jusqu’au 23 janvier 2023.