Avec délicatesse, Bettina Pittaluga photographie les personnes invisibilisées

Avec délicatesse, Bettina Pittaluga photographie les personnes invisibilisées

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© Bettina Pittaluga

photo de profil

Par Lise Lanot

Publié le

Rencontre avec la photographe franco-uruguayenne qui crée une intimité au service des histoires et des luttes de ses modèles.

Bettina Pittaluga a mis la main sur son premier appareil photo argentique à l’âge de 14 ans. Ni une ni deux, intriguée par l’objet, elle court alors à la mairie de sa ville à la recherche d’une chambre noire en accès libre. Elle commence à “prendre des photos tout le temps, de [sa] famille, [ses] amis et de tout ce qui attirait [son] attention”, et à développer ses images après l’école.

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Depuis, elle n’a pas lâché son appareil. Aujourd’hui, elle braque son objectif sur les personnes qu’elles croisent et “qui ont des choses à dire, à défendre, à raconter”. L’engagement inflexible de son travail, nous confie-t-elle, consiste à “mettre en lumière des personnes encore trop peu visibilisées”.

Gloria et Mathilde. (© Bettina Pittaluga)

Cet engagement n’a jamais quitté la jeune femme, qui insiste sur la dimension politique de son travail. Elle nous explique avoir poursuivi la photographie pour pouvoir mettre en lumière ses “convictions et [ses] valeurs”, et ce à travers un prisme émotionnel : “J’ai choisi le métier où je me sens la plus alignée. Naturellement, tout ce que je défends est profondément présent dans mon travail.”

“Je lutte contre l’objectivation des individus dans les médias”

En accord avec ses valeurs engagées, Bettina Pittaluga met l’être humain au cœur de son œuvre. Ses portraits, elle les voit comme des collaborations, où elle laisse ses modèles s’exprimer et lui “donner ce qu’ils veulent”. “Si je dirige quelque chose, c’est plutôt la lumière, les couleurs, le cadrage, tout ce qui vient dessiner la personne autour. Je lutte contre l’objectivation des individus dans les médias, et je trouverais ça dégradant de vouloir quelque chose de l’autre quand ça ne vient pas de lui directement”, affirme-t-elle.

Cette volonté de partage et de don de soi réciproque est palpable à travers ses images. “[Ma pratique] est très instinctive, prendre en photo quelqu’un, pour moi, automatiquement, c’est toujours très intime. C’est quelque chose que je ne prends jamais à la légère, un rapport de confiance et de bienveillance doit être installé. Et c’est toujours un très grand honneur pour moi que de prendre en photo quelqu’un.”

Magueye. (© Bettina Pittaluga)

L’intimité créée entre la photographe et ses modèles passe en grande partie par le regard de ces dernier·ère·s, qui fixent l’objectif et accrochent l’attention du public. Un choix assumé qui force l’admiration et barre la route à une contemplation passive : “Ce sont [les modèles,] le centre de mon travail, ce qu’ils dégagent, ce qu’ils veulent me donner… C’est aussi dans le regard que je ressens quelque chose de fort. C’est ma manière de connecter, de communiquer peut-être, en soutenant le regard.”

Si la nudité que Bettina Pittaluga affectionne se place en complément de cette quête de l’intime, elle n’est “pas forcément nécessaire pour créer une intimité”, n’oublie-t-elle pas de préciser. De plus, c’est aussi la dimension esthétique du nu qui l’attire. “C’est le côté très graphique qui m’intéresse, je suis fascinée par la lumière et, quand elle vient dessiner et contraster la peau, c’est quelque chose qui m’attire beaucoup”, développe-t-elle.

Minima. (© Bettina Pittaluga)

En sus de ses engagements militant et esthétique, Bettina Pittaluga utilise son travail comme un rempart à la nostalgie : “Je pense que la photographie vient m’aider à conserver cette émotion [du beau]. Je sais que je peux y retourner en regardant l’image, tout en pouvant continuer à rester ancrée dans le moment présent.” De quoi prendre avec philosophie le temps qui passe, inlassablement, devant nos yeux.

En sus de ses engagements militant et esthétique, Bettina Pittaluga utilise son travail comme un rempart à la nostalgie : “Je pense que la photographie vient m’aider à conserver cette émotion [du beau]. Je sais que je peux y retourner en regardant l’image, tout en pouvant continuer à rester ancrée dans le moment présent.” De quoi prendre avec philosophie le temps qui passe, inlassablement, devant nos yeux.

Yseult. (© Bettina Pittaluga)

Romain et Joris. (© Bettina Pittaluga)

Sonia. (© Bettina Pittaluga)

Joshua et Lisa. (© Bettina Pittaluga)

Jackie et Mégane. (© Bettina Pittaluga)

Dourane. (© Bettina Pittaluga)

Les jeunes de l’espace Nathalie Sarraute. (© Bettina Pittaluga)

Andrea et Lucrezia. (© Bettina Pittaluga)

Sonia. (© Bettina Pittaluga)

Vous pouvez retrouver le travail de Bettina Pittaluga sur son compte Instagram.