Ian Treherne, photographe malvoyant, a immortalisé les athlètes des Jeux paralympiques

Ian Treherne, photographe malvoyant, a immortalisé les athlètes des Jeux paralympiques

Image :

© Ian Treherne

photo de profil

Par Pauline Allione

Publié le

Le photographe londonien milite pour des représentations plus diverses, inclusives et positives.

Cet été, les athlètes des Jeux paralympiques se retrouvaient à Tokyo pour se disputer les médailles des 22 disciplines représentées. À l’occasion de la campagne “Super. Human.” de la chaîne Channel 4, le photographe Ian Treherne s’est glissé dans les coulisses du tournage, à Londres, pour capturer des images monochromes des athlètes britanniques. Parmi eux, la cycliste Kadeena Cox, la nageuse Ellie Simmonds ou encore David Smith, joueur de boccia.

À voir aussi sur Konbini

Si le photographe britannique a été choisi pour ce shooting, c’est évidemment pour ses clichés remarquables, mais aussi parce qu’il est lui-même sensible à la représentation des personnes porteuses de handicap, puisque directement concerné. Malentendant et doté d’un champ de vision réduit depuis la naissance à cause du syndrome d’Usher type II, Ian Treherne s’est très vite passionné pour l’image.

David Smith, 2021. (© Ian Treherne, 4Creative)

“Quand on m’a dit que je devenais aveugle, j’ai senti une sorte d’urgence à en voir le plus possible, à photographier”

Le dessin, la peinture puis plus tard la photo sont ainsi devenus autant de moyens d’échapper à l’isolement dans lequel le plongeait son syndrome. “À partir du moment où l’on m’a dit que j’étais en train de devenir aveugle à l’âge de 15 ans, j’ai senti une sorte d’urgence à en voir le plus possible, à photographier et collecter le plus d’images et de souvenirs possibles, avant que les rideaux s’abaissent définitivement”, se souvient Ian Treherne.

Revanche paradoxale sur la vie, le Britannique s’est finalement pleinement consacré à la photographie, qu’il peut toujours pratiquer grâce au noir et blanc et à un contraste élevé. Autant outil que prolongement de lui-même, son appareil photo lui permet d’immortaliser ce qui l’entoure, tout en faisant office de fenêtre sur le monde.

Kadeena Cox, 2021. (© Ian Treherne, 4Creative)

Mettre en lumière différents handicaps

Ambassadeur de l’organisation caritative Sense UK qui aide les personnes porteuses de handicap à interagir avec le monde, Ian Treherne milite activement pour changer le regard porté sur celles-ci, à travers ses images.

“Habituellement les personnages [porteurs de handicap, dans les productions médiatiques et culturelles, ndlr] sont dépeints comme faibles, très incapables ou constituent une blague. Depuis quelques années, les Jeux paralympiques et le débat sur Internet ont permis d’impulser un démarrage positif dans la diversité de représentations dans les médias, les sports et le divertissement”, retrace le photographe, à qui le stigmate rattaché aux handicaps a longtemps empêché d’assumer sa cécité.

Immortaliser les athlètes nationaux·les des Jeux paralympiques avait donc une signification toute particulière pour Ian Treherne : “Faire partie du changement dans le récit de diverses représentations signifie beaucoup pour moi car pendant des années, les personnes porteuses de handicap sont restées dans l’ombre. Plus on invite de personnes différentes autour d’une table, plus on pourra créer un nouveau monde dans notre société.”

Ellie Simmonds, 2021. (© Ian Treherne, 4Creative)

Kadeena Cox, 2021. (© Ian Treherne, 4Creative)

Ellie Simmonds, 2021. (© Ian Treherne, 4Creative)

David Smith, , 2021. (© Ian Treherne, 4Creative)