La jeunesse new-yorkaise, ses rêves et ses luttes célébrés dans un beau livre photo

La jeunesse new-yorkaise, ses rêves et ses luttes célébrés dans un beau livre photo

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© Marie Tomanova

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Par Lise Lanot

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La photographe tchèque Marie Tomanova publie une lettre d’amour à New York, "une ville d’immigrés" où "il y a tout le monde".

Née dans “une petite ferme au sud de la République tchèque”, Marie Tomanova est arrivée à New York en 2012, “seule et sans connaître personne”. Celle qui nous confie avoir “toujours rêvé d’être artiste” a décidé de quitter son pays natal après avoir subi des études d’art marquées par “de la discrimination liée au genre et de la misogynie”. “Je n’avais pas ma place en tant qu’artiste en République tchèque.”

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Après deux ans en tant que jeune fille au pair auprès de familles états-uniennes, Marie Tomanova est “tombée amoureuse” de la Grosse Pomme et de sa jeunesse venue poursuivre ses rêves, faisant fi des conventions passées, des normes de genre et des règles d’un monde qui ne lui convient plus. Dans son nouveau livre New York New York, la photographe met en lumière une collection de portraits et de paysages pris, pour la grande majorité, entre 2019 et 2020. Elle y raconte la jeunesse new-yorkaise, ses rêves, ses espoirs et ses luttes.

Jeremy et Alton, 2019. (© Marie Tomanova)

Konbini arts | Hello Marie. Peux-tu nous parler des gens que tu photographies ?

Marie Tomanova | Je photographie les gens chez lequels quelque chose m’attire – sans que je ne sache forcément pourquoi, ni de quoi il s’agit exactement. Ça peut être n’importe quoi, un mélange de petites choses. Et ça va très vite. Je le sens ou pas. C’est tout le monde et n’importe qui. Je pense qu’ils me ressemblent un peu.

C’est un peu vague comme réponse, mais c’est la vérité. J’aime les gens et j’aime les gens que je photographie. […] On pourrait dire que les personnes que je photographie sont des personnes que je veux rencontrer et avec qui je veux me lier. Et dire que j’étais si timide quand j’étais enfant… Ça paraît très éloigné [de qui j’étais enfant] d’avoir déménagé à New York et de photographier toutes ces personnes. Mais c’était nécessaire. Pour moi, la photo sert à se lier aux autres et à collaborer.

“J’aime les gens et j’aime les gens que je photographie”

Kate, 2017. (© Marie Tomanova)

Pourquoi avoir choisi de mélanger portraits et paysages ?

J’ai du mal à séparer les deux. Un jour, quelqu’un m’a demandé si un portrait était le portrait d’un lieu et je crois fort à cette idée. Je vois un lien très important entre les deux. Dès que j’ai commencé à photographier des gens, j’allais chez eux ou dans les endroits qu’ils fréquentaient pour prendre leur portrait, jamais dans des studios photo. Ça crée quelque chose de très intime, ça donne à voir qui ils sont vraiment. Les photos du livre nous laissent entrer dans cette intimité.

En plus, quand je suis arrivée aux États-Unis, j’ai voulu me voir dans le paysage américain, m’y intégrer, et me photographier dans ce paysage me conférait un sentiment d’appartenance. Des personnes et des lieux : y a-t-il quelque chose de plus important que ça ? Des portraits et des paysages, pour moi, c’est l’essence.

Harley, 2019. (© Marie Tomanova)

Que voulais-tu exprimer à travers ce livre ?

Avec mon dernier livre, Young American, j’avais un message très clair et puissant qui concernait le fait d’exister et de connecter en tant qu’humains. Ryan McGinley l’écrivait dans la préface du livre : “On parle d’un futur délivré de binarité de genre et de vieilles définitions de la beauté. Dans le monde de Marie, on peut tout simplement être. J’aimerais que toute la jeunesse américaine ressemble aux images de Marie : diversifiée et inclusive.”

Et je pense, je sais, que New York New York parle de la même chose. Le livre traite aussi de la liberté et du rêve. New York est une ville où on vient pour poursuivre ses rêves. Ça peut être une ville difficile, mais c’est un des lieux les plus incroyables qui soit.

Jovel et Matthew, 2019. (© Marie Tomanova)

Dans la préface de ce nouveau livre, Kim Gordon parle des difficultés qu’elle a eues en arrivant à New York, pour vivre son rêve. Je me sens liée à ce genre d’histoires, tout comme beaucoup des modèles de ce livre – on en parlait durant les shootings, on parlait de nos espoirs, de nos rêves, d’où on venait, d’où on allait, de ce qu’on voulait et de ce dont on avait besoin.

“Durant les shootings, on parlait de nos espoirs, de nos rêves, d’où on venait, d’où on allait, de ce qu’on voulait et de ce dont on avait besoin”

Le fait que tu viennes d’un autre pays modifie-t-il ta vision d’une ville telle que New York ?

C’est vraiment une question difficile parce que je ne connais que ce que je sais et vois. Et ce que je sais, c’est que je me sens entourée de personnes comme moi, une grande mer de gens. New York est une grande et mythique porte d’entrée aux États-Unis, c’est une ville d’immigré·e·s. Il y a tout le monde ici et c’est pour ça que j’aime tant cette ville.

Nicky, 2016. (© Marie Tomanova)

John, 2020. (© Marie Tomanova)

Makenna et Doe, 2020. (© Marie Tomanova)

Isabel, 2020. (© Marie Tomanova)

Coumba, 2019. (© Marie Tomanova)

Gracie, 2020. (© Marie Tomanova)

Phineas et Cameron, 2019. (© Marie Tomanova)

Sharpie et George, 2020. (© Marie Tomanova)

Massima, 2016. (© Marie Tomanova)

Yoshi, 2019. (© Marie Tomanova)

Janibell, 2019. (© Marie Tomanova)

Phineas, 2020. (© Marie Tomanova)

Serena, 2020. (© Marie Tomanova)

Chiki, 2020. (© Marie Tomanova)

Jadell, Nisoni, Jordan, Vinny et Sal, 2020. (© Marie Tomanova)

Remington, 2020. (© Marie Tomanova)

Roberto, 2019. (© Marie Tomanova)

Diamond et Jiggy, 2019. (© Marie Tomanova)

Aheem, 2020. (© Marie Tomanova)

Couverture de “New York New York” de Marie Tomanova, disponible aux éditions Hatje Cantz.

New York New York de Marie Tomanova est disponible aux éditions Hatje Cantz. Une partie de son travail est exposée à la galerie new-yorkaise C24 jusqu’au 24 décembre 2021.

Vous pouvez également retrouver l’artiste sur son compte Instagram et son site.